Le sculpteur Marco Dessardo, sous couvert d'une installation d'art, profite de la résidence d'artiste de Nannay pour essayer de s'installer à la campagne aux frais de l'association « Ni vu ! Ni connu ! ».
Il réalise par ce biais, un rêve ancien, écolo-poétique, d'une vie en symbiose avec une certaine ruralité.
Il choisit son lieu avec soin. Un poulailler abandonné adossé à une maison habitée, un abri simple, minimal. Il essaye de s'installer à Nannay. Il a même des projets d'agrandissement. Il a déposé un permis de construire et bénéficie de quelques contacts à la mairie.
Il commence par habiter l'abri. Il y dort, mange et travaille comme un artiste.
Maintenant il a une adresse, une boîte aux lettres, il a déjà reçu du courrier adressé à « Marco et sa Poule, Nannay, France ». Les poubelles sont ramassées.
Tout va bien. L'artiste voudrait s'intégrer, il voudrait être convivial, cinéaste et rural (tel que requis dans l'appel d'offre).
L'artiste s'occupe à son travail d'artiste. Un jour, Élisabeth lui apporte un œuf.
De retour dans son abri, il couve son œuf. En fait, il apprend à couver un œuf, un ami lui avait montré comment les poules couvent : couchées, avec les ailes basses et le cou tendu. Il lui avait même imité le geste. Il pense que ça fait très rural. Quand il se doit se déplacer, il pose l'œuf délicatement enveloppé contre le moteur de sa moto.
Après quelques jours, quelque chose bouge sous lui : la poule est née. Adulte. Jolie, blanche avec sa crête rouge. Ils cohabitent. Elle caquette, picore et pond.
Tous les soirs, ils regardent ensemble le film de leur histoire qui tourne en boucle sur leur télévision.
A fin de la résidence, l'artiste devra s'en aller, comme prévu dans le contrat, et laissera comme œuvre publique l'abri modifié, la poule, son enclos, une courte vidéo pour raconter l'histoire aux curieux et animer les longues soirées de la poule esseulée.
dessin du projet initial :